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LE MONDE UN, ceci n'est pas un exercice
10 juillet 2019

3. Errare humanum

 

 

 

 

On entre dans la danse

 

«Pour les membres de la société, la connaissance de sens commun des faits de la vie sociale est une connaissance institutionnalisée du monde réel. Non seulement cette connaissance de sens commun dépeint-elle une société réelle pour les membres, mais, à la manière d'une prophétie autoréalisatrice, les traits de la société réelle sont produits par la soumission motivée des personnes à ces attentes d'arrière-plan.(...) La possibilité d'une compréhension commune ne [tient] pas à une connaissance partagée, mesurable, de la structure sociale, mais plutôt, et entièrement, à l'obligation d'agir en accord avec les attentes de la vie ordinaire en tant que moralité.(...) La supposition d'un monde commun intersubjectif est modifiée de façon saisissante dans les actions du scientifique. Les "autres personnes" sont pour lui des "n'importe qui" universalisés. Elles sont, dans l'idéal, des manuels désincarnés de procédures appropriées pour trancher en matière de sensibilité, d'objectivité et de justification.(...) Dans la vie quotidienne, la même façon d'agir risquerait de provoquer un changement de statut, c'est-à-dire de le faire passer pour criminel, malade ou incompétent.» Recherches en ethnométhodologie, Harold Garfinkel

 

«La façon dont une personne accomplit sa part de figuration et aide les autres à accomplir la leur représente le niveau de son acceptation des règles fondamentales de l’interaction sociale.(...) Tout autant que d’amour-propre, le membre d’un groupe quelconque est censé faire preuve de considération.(...) Celui qui risque une affirmation ou un message, si banal soit-il, engage et, en un sens, met en danger toutes les personnes présentes, y compris lui-même.(…) Il n’est donc pas surprenant que celui à qui on ne peut faire confiance en ce domaine sème la perturbation.» Cela explique aussi «l’angoisse d’avoir fait perdre la face à un autre, ou la colère pour l’avoir perdue soi-même.(...) Ces émotions (…) s’ajustent si précisément à la logique du jeu rituel qu’il serait (...) difficile de les comprendre en son absence. Même le caprice d’un enfant qui réclame quelque chose et se le voit refuser n’est pas l’expression irrationnelle de sa frustration, mais bien un mouvement rituel par lequel il manifeste qu’il possède déjà une face dont la perte n’est pas chose négligeable. Il arrive même que des parents sensibles admettent ces démonstrations, car ils y voient l’ébauche du moi social.» Les rites d’interaction, Erving Goffman

 

On constate en société «un devoir faire qui n'est pas spécifié par des règles. Par quoi l'est-il alors ? Tout simplement par la "situation d'engagement" dans laquelle se trouve l'agent lorsqu'il agit.» Car, les agents sociaux «attendent normativement les uns des autres (...) qu'ils se sentent tenus par ce genre particulier de faits que sont les "faits naturels de la vie en société", à la définition desquels tout un chacun est supposé adhérer.» Surtout justement, «en adoptant le point de vue de tout un chacun dans la société, et non pas en fonction de leurs préférences ou dispositions personnelles.» Or, certaines erreurs, «induites par une ignorance non évitable et excusable, ne peuvent être commises que par des personnes très particulières, précisément celles que l'on ne peut pas créditer d'un "savoir nécessaire" (au sens de "ce que tout un chacun sait nécessairement").» Comme les enfants ou les immigrés. Par contre, en situation de manipulation expérimentale, «seule la mauvaise foi, le refus de se conformer aux usages, voire un dérangement mental passager, pouvaient expliquer» un manquement de l'expérimentateur. L'erreur dans la cognition sociale, Louis Quéré

 

Faut-il admettre que l’homme normal n’est pas un délinquant du moment qu'il "obéit instinctivement à la loi" ? «Cette méfiance et cet embarras mêlés lorsque nous évoquons la normalité font dire à l’opinion commune que “pour le psychiatre, tout le monde est fou”.» Il s’agit en fait de repérer la “fausse normalité“ de «ces sujets au “faux self” hypertrophié (…) qui s’accrochent à la norme socio-idéale, en se demandant sans arrêt “comment font les autres” ? en cherchant à tout prix l’adaptation, voire la sur-adaptation, incapables de réaliser leur propre programme, d'advenir à ce qu’ils sont.» Ce sont eux, peut-être, qui auraient besoin d’être soignés, mais il est préférable de «laisser ceux qui se disent normaux bénéficier de ce “symptôme qui apporte le plus de bénéfices secondaires”, puisqu’ils ne demandent rien.» En définitive, «la pierre de touche de la santé mentale n’est pas l’adaptation en soi, mais la capacité à procéder à des réadaptations successives, sans perdre le sentiment de sa propre continuité dans le temps.» (L. Gardies) Modèles de normalité et psychothérapie, Daniel Zagury

 

«Pour interagir de façon continue, compétente et efficace, nous devons percevoir notre environnement et les personnes que nous côtoyons ou dont nous entendons parler comme une structure simple, dotée de stabilité et de significations.» Généralement «nous expliquons un comportement que nous qualifions de timide par le fait que son auteur est timide et nous concluons en disant qu’il a telle personnalité parce qu’il produit tel comportement.» Une autre théorie préconçue source de jugements définitifs part de l’idée que «l’homme est profondément bon et raisonnable. Ils [les gens] en infèrent donc que les contrevenants doivent avoir une personnalité particulière qui expliquerait l’aberration.» On pourrait dire que "l'erreur fondamentale", cette propension à négliger les “facteurs situationnels“, et «osciller entre une bonté et une méchanceté foncières, revient à adhérer à une même théorie implicite, plus générale que les précédentes: c’est la personnalité des gens qui dicte leurs comportements.» Sommes-nous tous des psychologues ?, Jacques-Philippe Leyens

 

«Toute affirmation explicitée devient, par cela même, un thème de discussions possibles.(…) Il est donc nécessaire à toute croyance fondamentale, qu’il s’agisse d’une idéologie sociale ou d’un parti-pris personnel, de trouver, si elle s’exprime, un moyen d’expression qui ne l’étale pas.(…) Il devient nécessaire d’avoir à sa disposition des modes d’expression implicite, qui permettent de laisser entendre sans encourir la responsabilité d’avoir dit.(...) La présupposition serait une affirmation “faite en passant”, que le destinataire doit croire, mais qui n’est pas censée orienter directement le discours ultérieur.(...) Attaquer les présupposés de l’adversaire, c’est, bien plus encore que lorsqu’on nie ce qu’il pose.(...) Ce refus aboutit à rejeter le dialogue offert par l’interlocuteur au moment où il parlait. Il aboutit donc aussi à accuser l’adversaire non seulement d’avoir dit des choses fausses mais d’avoir agi de façon absurde. Sa parole, en effet, comme toute parole, posait la structure d’un dialogue ultérieur, et, de ce fait, appelait une suite, ouvrait un échange. Mais, en même temps, elle mettait à cet échange des conditions inacceptables, elle rendait impossible la suite qu’elle demandait.» Dire et ne pas dire, Oswald Ducrot

 

Pour Austin, «un des buts de la philosophie du langage ordinaire sera de déterminer toutes les manières variées pour un énoncé d'être malheureux, inadéquat au réel.» Tout comme, «un des buts de la sociologie de Goffman sera de déterminer les manières pour nos actions ordinaires, notre comportement, d'être malheureux, inadéquats à l'ordre social.» Le paradigme de l'erreur serait alors «le geste déplacé, le faux mouvement, le mariage raté, plutôt que le mauvais calcul.» De fait, «cela brouille la distinction entre l'insincérité et l'erreur, comme le montre l'exemple de l'expression courante "je suis désolé", employée dans des circonstances où on ne l'est pas du tout, et où on a même quelque responsabilité dans l'événement déploré.» Dans ce cadre, «les excuses sont inhérentes à la façon d'agir humaine, sont une part essentielle de nos conversations et définissent la morale bien plus que nos (souvent pitoyables) justifications.» Car, «ce n'est pas la règle en tant que telle qui est l'objet de l'enquête sociale ou morale, mais l'expression de ma relation personnelle à la règle sociale, de ma capacité à corriger mes erreurs quelles que soient les circonstances.» La morale «se définit alors, socialement, par la limite à ce qui peut être excusé.» Austin et l'erreur pratique, Sandra Laugier

 

 

En jouant le jeu

 

Pour marquer la distinction entre erreur et folie, nous avons l'exemple d'un «homme qui présumerait que tous nos calculs sont incertains et que nous ne pouvons nous fier à aucun d'entre eux (il le justifierait en disant qu'il y a partout possibilité d'erreur), nous le donnerions peut-être pour fou. Mais pouvons-nous dire qu'il soit dans l'erreur ? N'est-ce pas simplement qu'il réagit autrement: nous nous fions à eux, lui non; nous sommes sûrs, lui non.» Il y a aussi l'exemple de l'élève qui «ne s'ouvre à aucune explication car il interrompt continuellement le maître en exprimant des doutes, par exemple quant à l'existence des choses, la signification des mots, etc.» On pourrait dire qu'il «n'a pas encore appris à poser des questions. Il n'a pas appris le jeu que nous voulons lui enseigner.» Par extension, «si nous disons savoir que..., nous entendons par là que tout homme raisonnable, dans notre situation, le saurait aussi, que ce serait déraisonnable de le mettre en doute.» Ce qui conduit à s'interroger: «Le jeu de langage tout entier ne repose-t-il pas sur ce genre de certitude ?» Puisque manifestement, «ne joue pas le jeu ou le joue fautivement qui ne reconnaît pas les objets avec certitude.» De la certitude, Ludwig Wittgenstein

 

«Comment ce qui (dans une sphère culturelle déterminée) est valable pour tous doit-il être intégré à la spontanéité propre du sujet, de telle sorte qu’il puisse alors, de façon tout à fait évidente, être replacé dans le monde commun, comme trait relativement propre au sujet ?» Les schizophrènes «oscillent en permanence dans l’alternative entre assumer un modèle et se retirer autistiquement.(...) [Ils] donnent facilement l’impression extérieure d’être perplexes, de manquer d’assurance et en un sens très radical d’être “incapables”. À un regard superficiel on peut avoir l’impression d’une extrême distraction.(…) Le manque d’assurance concernant la manière de prendre quelque chose et de le ranger, d’appréhender une chose et de l’interpréter, conduit de tels malades à n’arriver à bout de rien.(…) Ils sont constamment occupés à produire cette base que le sujet sain présuppose sans y penser, pour pouvoir, à partir de là, se tourner vers les exigences de la vie concrète.(...) Ce qui nous tend et nous mobilise vers le monde laisse ces patients indifférents. Ils ne se laissent prendre “par” rien, ni par leur honneur, ni par leur orgueil.» La perte de l’évidence naturelle, Wolfgang Blankenbourg

 

La dépersonnalisation est «un état où l’individu ne se reconnaît pas lui-même comme une personnalité. Ses actions lui semblent automatiques. Il observe ses propres réactions comme un spectateur.» Ce sont des «sujets ayant organisé un personnage de surface en quelque sorte idéalisé. Ceci est le plus évident lorsqu’il s’agit de personnalités hystériques, comédiens de leur propre personnage, ou de personnalités schizoïdes, ces rêveurs éveillés à la recherche d’un personnage et d’un rôle imaginaire. Tout se passe comme s’il y avait un décalage entre le personnage idéal désiré et souvent apparemment réalisé et la réalité profonde de la personne que les conjonctures à un moment donné révèlent comme impuissante à tenir son masque ou son rôle.(...) Le moi structuré aussi dysharmonique qu’il soit par rapport au moi structurant, ne permet pas de prise de distance, de libération, voire d’humour par rapport à soi-même.(...) Les sujets profondément engagés dans la lutte pour l’existence sur la base d’une conscience aiguë des réalités sociales objectives, paraissent généralement peu prédisposés à la dépersonnalisation.» Vivre en délirant, Sven Follin

 

«La prise de conscience de l’activité mentale est le plus souvent facultative (elle n’est pas nécessaire à l’exécution des opérations mentales).» C’est surtout «l’écart entre effets attendus et réalité» qui «déterminerait donc la prise de conscience, le traitement de données plus étendues sur la situation, permettant l’ajustement de l’action.(...) Cette attribution subjective d’intention, que nous opérons en permanence pour donner sens à nos actions, ne témoigne donc pas toujours des motifs initiaux de nos actes, mais plutôt d’une interprétation opérée après coup et en tenant compte de la situation.» Or, «la schizophrénie montrerait une sorte de dissociation entre les actes et leurs intentions, un trouble de la conscience des intentions d’agir.» De fait, nous pouvons douter «de la justesse ou vérité de notre pensée. Mais nous ne pouvons douter de la “réalité” de cette pensée, du fait qu’elle s’est produite, que nous l’avons éprouvée.(...) Il manquerait dans l’actualisation délirante une modalisation, du type “je crois” ou “je désire”, marquant en quelque sorte la position du sujet par rapport à l’acte mental. Disparaîtrait alors l’écart entre la représentation d’un fait et le fait lui-même, entre l’acte mental et ce qu’il représente.» La schizophrénie, Nicolas Georgieff

 

«L’enfant qui présente ce syndrome n’a pas l’air conscient des règles tacites de conduite sociale et peut dire ou faire des choses qui peuvent offenser ou ennuyer les autres.(…) Une fois ces règles de conduite expliquées, l’enfant les suit à la lettre, devenant alors pointilleux à l’extrême dès qu’un comportement viole la règle.(…) Là où d’autres enfants seront décidés à contourner ou transgresser les règles, l’enfant atteint d’un Syndrome d’Asperger met un point d’honneur à les faire respecter.» C'est ainsi qu'un adolescent «décrivait son incapacité à apprécier le sentiment de triomphe dans les jeux d’équipe et ne pouvait concevoir le sentiment de satisfaction ressenti à l’idée que ses adversaires se sentent inférieurs. L’enfant peut être de même indifférent à la pression de ses pairs face aux derniers jouets ou vêtements à la mode. Il est rarement invité aux anniversaires et il a peu d’amis véritables.» Cela s’explique par une «difficulté à maîtriser la “théorie de l’esprit” et la perception plus précise des intentions de l’interlocuteur et non pas une distorsion de la réalité.» Le Syndrome d’Asperger, Tony Attwood

 

On tend d’ordinaire «à considérer que les individus vivent leurs interactions en fonction de leur nature, de leur tempérament, leur humeur du moment, etc. bref en fonction de facteurs essentiellement personnels.» Alors que le systémicien «considère que ces interactions ont leurs propres règles, extérieures aux individus, qui ne peuvent que les suivre s’ils veulent que l’on continue à les considérer comme des gens normaux.» Ainsi dans le comportement de jeu, les parties montrent «qu’elles savent émettre et recevoir des signaux disant: “ceci est un jeu”. En d’autres termes,(…) elles “métacommuniquent”. Ou encore: elles mettent des guillemets, elles encadrent leurs messages.(…) Or le schizophrène adulte peut se définir par cette même incapacité à distinguer les messages de niveau I de ceux de niveau II. Il prend littéralement tout message émis ou reçu. Il ne métacommunique plus, à son propos ou à propos d’autrui.» De ce point de vue, la “double contrainte“ devient «un principe abstrait, qui s’applique autant à l’art, à l’humour, au rêve qu’à la schizophrénie.» On peut y voir «un même processus de création fondé sur le renversement des niveaux de messages: le commentaire devient le texte et vice versa.» La nouvelle communication, Yves Winkin

 

«Il faut que le thérapeute s'habitue à ce que le patient joue de la lyre pendant que Rome brûle.» Pour se rendre compte petit à petit «que les communications affolantes du patient, maintenant que la découverte de leur signification sadique ("rendre fou") lui a permis de les voir sous un autre jour, comportent au fond un élément de jeu qui est sain,(…) c'est le chaos du jeu que peuvent partager une mère et son enfant (ou deux petits enfants).(...) En s'identifiant à ce thérapeute stable et constant qui peut ignorer les désordres de la folie, le patient peut à son tour les ignorer et aller de l'avant en exerçant ses fonctions du moi plus saines.(...) C’est seulement lorsqu'il aura mûri au point que son amour sera devenu plus grand que sa haine, et qu'il se sentira convaincu que c'est ainsi, qu'il aura alors la certitude que la condition mortelle de l'homme ne lui est pas personnellement imputable. Avant d'en arriver là, il a tendance à tenir pour équivalents le fait existentiel de la victoire finale de la mort et le fait que sa haine triomphe chaque fois des forces d'amour qu'il porte en lui.(...) Seul un être relativement total peut se sentir participer à la totalité de l'humanité, et ce sentiment rassure face à la connaissance de la mort.» L'effort pour rendre l'autre fou, Harold Searles

 

Les sociopathes «sont l’exemple même de cette tête froide dont on nous dit qu’elle est indispensable si l’on veut prendre de bonnes décisions.(...) En fait, ils représentent une autre sorte de cas où l’affaiblissement de la faculté de raisonnement est accompagné d’une diminution, ou de l’absence, de la capacité de ressentir des émotions.(...) La sélection naturelle a dû favoriser une organisation du cerveau dans laquelle les systèmes impliqués dans le raisonnement et la prise de décision sont étroitement interreliés avec ceux qui sous-tendent la régulation biologique, puisque ces deux catégories de processus neuraux sont impliqués dans les impératifs de la survie.» Concrètement, des «critères sont fournis par les marqueurs somatiques, qui expriment, à tout moment, l’ensemble des objectifs préférés, assignés par l’hérédité aussi bien que par l’apprentissage.» Ainsi, un «marqueur somatique positif, dont l’apparition est déclenchée par l’image d’une perspective d’avenir heureuse, constitue certainement la base neurobiologique qui permet d’endurer la phase préalable pénible.» L’erreur de Descartes, Antonio Damasio

 

«Pour être stochastique, un processus a besoin non seulement d’une source de hasard, mais aussi d’un comparateur intrinsèque appelé “sélection naturelle” quand il s’agit de l’évolution, et “préférence” ou “renforcement” quand il s’agit de la pensée.» Partant, processus d’apprentissage et pensée créatrice suivent le même schéma que l’évolution dans la nature: «ce qui peut être appris à un moment donné est limité ou facilité par ce qui a été appris antérieurement, de sorte qu’il y a en fait un apprentissage à l’apprentissage, la limite de ce qui peut être changé immédiatement pour répondre à une nécessité du milieu étant in fine fixée par la constitution génétique.» Dans le même ordre d'idées, «le conservatisme s’enracine dans la cohérence et la compatibilité, lesquelles vont de pair avec (…) la rigueur dans le processus mental.(…) Et le paradoxe, le dilemme qui nous embarrasse et nous consterne lorsque nous songeons à corriger ou à combattre l’obsolescence, est simplement la crainte de devoir perdre cohérence, clarté, compatibilité et même santé de l’esprit, si nous laissons s’en aller l’obsolète.» La nature et la pensée, Gregory Bateson

 

 

Mais que fais-je ?

 

«Nous n’existerions pas (en tant que sujets dont le Soi habite une machine “compliquée”), (…) si l’évolution des interactions sociales n’avait pas contraint chaque animal humain à se doter d’un sous-système interne non seulement chargé de gérer les interactions interindividuelles, mais capable en outre d’interagir temporellement avec lui-même dans certaines circonstances.(...) Si je sais mieux que vous ce que je m’apprête à faire, c’est uniquement parce que je passe plus de temps en ma compagnie que vous.(...) Devant décider très souvent d’agir au moment opportun, nous révisons sans cesse les stratégies et les attitudes présélectionnées qui façonneront nos réactions trop fulgurantes pour qu’une réflexion soit possible dans le feu de l’action.(…) On peut s’apercevoir ainsi que notre libre arbitre, comme toutes nos autres facultés mentales, doit être étalé dans le temps, plutôt que mesuré à des instants précis.(...) Vous n’êtes plus “hors du coup”: vous êtes en plein dedans, formant une vaste boucle et non un point sans extension !» Théorie évolutionniste de la liberté, Daniel Dennett

 

«Nous avons l'expérience du libre arbitre, mais celui-ci serait une illusion, puisque les processus neuronaux sont causalement suffisants pour déterminer les états subséquents du cerveau (…). [Or,] nous ne pouvons pas refuser d'exercer notre libre arbitre, parce qu'un tel refus n'est lui-même intelligible pour vous, en tant que tel, que si vous y voyez l'expression de l'exercice de votre libre arbitre.(...) Il est tentant (…) de penser que l'explication de l'expérience consciente du libre arbitre est une manifestation, au niveau de la prise consciente de décision rationnelle de l'indéterminisme quantique.(...) [Mais,] une action libre n'est pas une action entreprise par hasard.(...) [En fait,] l'indétermination au niveau des micro-éléments (…) peut expliquer l'indétermination du système, mais le hasard se produisant à un tel niveau n'implique pas qu'il y ait du hasard au niveau du système.(...) Nous sommes des robots conscients dont les états de conscience sont fixés par des processus neuronaux et, dans le même temps, nous procédons parfois sur la base de processus conscients non déterministes (…) par le biais desquels le moi rationnel prend des décisions en se fondant sur des raisons.» Libre arbitre et neurobiologie, John R. Searle

 

«Lune des fonctions du Moi est de nous empêcher de changer trop rapidement.(…) Nous ne réaliserions jamais grand-chose, parce que nous ne pourrions pas nous fier à nous-mêmes.» Surtout, «nous passons toute notre vie à chercher des systèmes de commande de nous-mêmes (...), tout comme les sorciers des temps anciens recouraient à des rites pour jeter leurs sorts.» Dans la pratique «si quelquun vous demandait comment vous avez trouvé la solution, vous seriez dans la plupart des cas incapable de dire mieux que: “Je me suis rendu compte, tout à coup, que…”» De même pour ce qui est de l’objectivité, nos perceptions «peuvent donc parfois activer si rapidement nos souvenirs que nous navons pas le temps de distinguer ce que nous avons vu de ce que nous avons été contraints de nous rappeler.() Ainsi, nos attitudes envers ce que nous aimons ou détestons sont souvent bien moins modifiables que leur objet, notamment dans le cas de la personnalité des autres.» La société de l’esprit, Marvin Minsky

 

On distinguera «la connaissance de ce que l'on fait sans recours à l'observation, et la connaissance de ce qui arrive exactement à un moment donné, par exemple au matériau sur lequel on travail. L'une est pratique, l'autre spéculative.(...) Quelqu'un qui n'aurait pas d'yeux pourrait continuer d'écrire avec un stylo qui n'aurait plus d'encre.(…) Sans les yeux, il sait ce qu'il écrit; mais ses yeux l'assurent que ce qu'il écrit s'écrit effectivement de façon lisible.» On dira donc de "l'action intentionnelle" qu’elle «implique toujours (…) de "bien s'y connaître" dans ce sur quoi porte la description sous laquelle l'action peut être appelée intentionnelle. Cette connaissance s'exerce dans l'action: il s'agit de la connaissance pratique.(...) Certains disent que, par un acte de volonté, on peut obtenir le mouvement de son bras, mais pas celui d'une boîte d'allumettes.(…) S'ils veulent dire qu'ils peuvent remuer le bras mais pas la boîte, je réponds que je peux bouger la boîte. Rien de plus facile.(...) Les fondements de l'espoir sont composés à la fois de raisons de vouloir et de raisons de croire que la chose voulue peut arriver; mais les fondements de l'intention sont seulement des raisons d'agir.» L'intention, Elisabeth Anscombe

 

«Nous ne pouvons pas imaginer une communauté qui permet une disjonction radicale ou globale entre l'intention et l'action.» Bien sûr, «une auto-attribution d'une action intentionnelle peut avoir besoin du soutien d'une information acquise par observation.(...) Il est difficile d'imaginer une personne faire quoi que ce soit intentionnellement, même lever son bras au-dessus de sa tête, si elle est privée de toute forme de donnée sensorielle.(...) Notre concept d'intention est conçu pour permettre l'échec local ou occasionnel dans la réalisation des intentions, et reconnaît ainsi le fait que nous changeons parfois d'avis, oublions, sommes interrompus, ou réalisons que nous ne pouvons pas faire ce que nous avions prévu.» De même, «l'aptitude de l'agent à reconnaître une erreur en tant que telle, et sa connaissance de la manière de la corriger, sont une partie de son aptitude à effectuer des actions d'un certain type.» Cependant, «si nous vivions dans un monde (...) où chaque tentative pour agir serait un saut dans l'inconnu, il y aurait peu, voire pas de connaissance en intention. Mais nous ne vivons pas dans ce monde, et presque aucune de nos actions n'est fondée sur l'observation, même au sens large du terme.» Connaître en intention, Kevin Falvey

 

«L'excès de rigidité des représentations intentionnelles ou encore la difficulté de spécifier des intentions au fur et à mesure que l'action se réalise, pourraient concourir à ce que nous appelons l'état malade en psychopathologie.(...) Cette relative instabilité de notre système mental se défendrait du chaos par l'illusion du moi ou par l'illusion de la capacité d'autrui à pouvoir nous aider dans la compréhension de nos propres comportements.(...) L'exploitation de cette manne de non-sens par les thérapeutes semble bien efficace pour que s'établisse chez les patients la réorganisation de leur monde de pensée dans une perspective d'ajustement et de mouvement accru entre les états de pensée et les états du monde.(...) Cette fonction thérapeutique d'attribution interne, voire d'internalisation des intentionnalités repose donc sur une croyance nécessairement partagée entre thérapeutes et patients que le sens est à découvrir, qu'il était déjà là et que les patients s'employaient à ne pas vouloir le voir.» Les stratégies intentionnelles des thérapeutes, Alain Blanchet

 

La “finalité“ veut «simplement désigner la “tension psychologique immanente vers un but futur, vers une signification à venir”.(…) La colère qu’inspire une injure subie appelle la vengeance, un deuil ostentatoire l’éveil de la pitié chez autrui.» Ainsi, «les indigènes, avant de se mettre en chasse, exécutent des danses, miment la chasse qu’ils vont entreprendre: ils accomplissent l’indispensable “rite d’entrée” pour créer en eux l’humeur, l’état d’âme, l’émotion nécessaires à l’action à accomplir, c’est-à-dire pour éveiller la volonté.» Or, «tout ce qui a une tonalité de sentiment accusée est difficile à manier, étant en relation avec des réactions physiologiques.» Ainsi, le névrosé «ne parvient pas à empêcher les projections néfastes de se nicher (…) dans les objets les plus voisins, où elles ne laissent pas de susciter des conflits. Ceci le met en demeure de se rendre compte de ses projections primitives avec une acuité bien plus intense que ne l’a jamais fait l’homme normal.» Lequel «cultive, il est vrai, les mêmes projections, mais elles sont mieux réparties: l’objet des projections favorables est proche, celui des projections péjoratives se trouve situé à plus grande distance.» L’Homme à la découverte de son âme, Carl Gustav Jung

 

«L’instinct religieux, qui fait que l’être aspire à sa totalité, joue dans la conscience collective de notre époque le rôle le plus effacé.» Entre autre, l’homme d’aujourd’hui «ne sait même pas qu’il dépend complètement, dans son conscient, de la coopération de l’inconscient.(...) Si l’on acquiert une connaissance de soi plus précise et plus sûre, on se voit souvent confronté avec les problèmes les plus lourds, à savoir les conflits de devoirs, dont la solution ne relève d’absolument aucun paragraphe de loi, pas plus ceux du Décalogue que ceux de quelque autre autorité. Ce n’est d’ailleurs qu’à partir de ce moment que commencent vraiment les décisions éthiques.(...) Jusque là, c’était le moi qui aimait à se prendre pour l’être tout entier, et c’est pourquoi il éprouve la plus grande peine à échapper au danger de l’inflation.» Aussi, «en face de ce danger, un seul recours: s’abandonner à une émotion qui, bien loin d’oppresser et de détruire l’individu, l’achemine vers sa plénitude.(…) Tout ce que nous pouvons escompter et tenter avec le conscient consiste, au maximum, à nous glisser dans la proximité du déroulement inconscient; arrivés là, nous ne pouvons plus qu’attendre et nous efforcer d’observer la suite des événements.» Un mythe moderne, Carl Gustav Jung

 

«Au lieu d'envisager nos idées comme nos propres créations, travaillant pour nous», on peut très bien les envisager «comme des mèmes autonomes et égoïstes, qui n'œuvrent que pour se faire copier.(...) Nous pensions autrefois que le dessein biologique nécessitait un créateur, mais nous savons aujourd'hui que la sélection peut concevoir la totalité de ce dessein toute seule. De même, nous croyions jadis que le dessein humain nécessitait un concepteur conscient à l'intérieur de nous-même, mais nous savons aujourd'hui que la sélection mémétique peut s'en occuper toute seule.(...) Des cerveaux qui pensent intelligemment, équipés d'un grand nombre de mèmes, sont tout à fait capables de prendre des décisions solides sans qu'il y ait un moiplexe pour les brouiller.(...) Par sa nature même, le moiplexe fait surgir la récrimination contre soi, le doute de soi, l'avarice, la colère, et toute une panoplie d'émotions destructrices.(...) Dans ce sens, nous pouvons véritablement être libres – non parce que nous sommes capables de nous rebeller contre la tyrannie des réplicateurs égoïstes, mais parce que nous savons qu'il n'y a personne pour se rebeller.» La théorie des mèmes, Susan Blackmore

 

 

Et surtout dans quelle étagère ?

 

«L'idée force de la théorie de la connaissance est qu'être rationnel, être pleinement humain, faire ce que l'on doit, c'est être capable de trouver un terrain d'entente avec les autres. De là que construire une théorie de la connaissance consiste à élargir au maximum un tel terrain d'entente avec les autres, de là aussi que, poser qu'on peut construire une théorie de la connaissance, c'est poser l'existence d'un tel terrain. Il y a eu un temps où l'on s'est imaginé qu'on trouverait ce terrain d'entente hors de nous – par exemple dans l'ordre de l'Être (...). Puis, comme au XVIIème siècle, on s'est imaginé qu'on le trouverait en nous, qu'il suffisait de comprendre notre esprit pour accéder à la méthode qui nous permettrait d'atteindre la vérité. Les philosophes de l'école analytique, quant à eux, ont cru qu'il fallait s'en remettre au langage.» D'un point de vue herméneutique, «être rationnel, c'est résister à la théorie de la connaissance – à l'idée qu'il y aurait un (et un seul) ensemble de termes à l'aide desquels toute contribution à la conversation devrait pouvoir se formuler –, c'est vouloir saisir le jargon de notre interlocuteur, et non essayer de le traduire dans le nôtre.» La Philosophie et le Miroir de la nature, Richard Rorty

 

«La plupart des utilisateurs d'ordinateurs n'ont pas la moindre idée des principes physiques qui sont responsables du comportement éminemment fiable, et par conséquent prédictible, de l'ordinateur. Mais s'ils ont une idée claire de ce que l'ordinateur est destiné à faire (…) ils peuvent prédire son comportement avec précision et sûreté.» En adoptant le point de vue intentionnel, «on décide de traiter l'objet dont le comportement doit être prédit comme un agent rationnel ; puis on essaie de s'imaginer quelles croyances l'agent devrait avoir, étant donné sa place dans le monde et son but.» Enfin, «on prédit que cet agent rationnel agira de manière à réaliser d'autres buts à la lumière de ses croyances.» Or, un ordinateur «n'a pas d'intentionnalité originelle et intrinsèque, et il n'y a donc pas de fait "plus profond" que nous pourrions essayer de découvrir.(...) Je prétends appliquer précisément la même morale, les mêmes règles pragmatiques d'interprétation, aux humains.» Car, la signification des états mentaux «bien qu'elle soit, dans le cas d'un organisme, indépendante de nos intentions et objectifs, n'est pas indépendante des intentions et objectifs de Dame Nature, et par conséquent est, en définitive, tout aussi dérivée.» La stratégie de l'interprète, Daniel Dennett

 

«L’attribution d’états mentaux à autrui est indissociable de l’usage du langage.» Une “stratégie de l’interprète“ «permet de passer du simple décodage, qui ne livre qu’une interprétation partielle des phrases, à leur interprétation complète.» Laquelle «revient à l’attribution, à son locuteur, d’une intention globale.(...) Plus cette intention globale est facile à construire (moins son coût de construction est important), plus elle est riche et complexe, plus on aura tendance à juger que le discours en question (et son producteur) est cohérent.(…) Des processus très similaires sont à l’œuvre lorsque nous finissons une phrase pour quelqu’un.» Ainsi, «tout énoncé suscite chez l’interlocuteur l’attente de sa propre pertinence.» Il s’agit donc d’un, «fonctionnement axé sur la recherche et l’optimisation de la pertinence, ou, en d’autres termes, sur le rendement.» Mais ça «n'est pas un principe normatif qui impose au locuteur de prononcer des énoncés pertinents et uniquement des énoncés pertinents: c’est un principe d’interprétation que l’interlocuteur utilise inconsciemment lors du processus d’interprétation.» La pragmatique aujourd’hui, Reboul & Moeschler

 

«Les causalistes veulent expliquer l’action par l’intention de l’acteur mais ils comprennent l’intention comme une cause mentale qui produit la conduite de l’acteur.(…) Sinon on se trouverait dans la situation absurde pour un causaliste que ce qui n’est pas encore (le but) produit des effets.» Or, «les explications fonctionnelles que l’on trouve à l’œuvre en biologie ou en cybernétique sont des explications téléologiques.(…) Dans un système fonctionnel, les parties qui le composent sont là pour accomplir certaines fonctions et la téléologie revient à dire ce qu’elles doivent faire pour les remplir.» Selon Vincent Descombes : "Ce sont les usages établis qui permettent de décider de ce qui est dit, et donc de ce qui a été pensé, quand quelqu’un se fait entendre de quelqu’un. Ce sont donc bien des institutions du sens." En conclusion, «les systèmes intentionnels doués d’esprit sont alors conçus comme des systèmes téléologiques qui font appel bien davantage à une mise en ordre orientée, qu’à une causalité sur le modèle de celle des sciences de la nature.» L’esprit, entre nature et culture, Michel Simon

 

«La structure causale du monde n'est pas physique au sens où elle serait inscrite dans ce que nous concevons comme étant la réalité physique. Mais cela ne veut pas dire qu'elle soit plaquée par l'esprit sur la réalité physique.(...) Le monde de la vie ordinaire (...) est plein d'objets qui "produisent des effets" sur d'autres objets, d'événements qui expliquent d'autres événements, et de gens qui "reconnaissent" des choses (et pas seulement des qualités sensibles).(...) Peut-être la notion de causalité est-elle si primitive que la notion même d'observation la présuppose.(...) Ce qui est factuel et ce qui est conventionnel est affaire de degré.(...) Comme le relativisme, mais d'une manière différente, le réalisme est une tentative impossible pour avoir sur le monde un point de vue de nulle part. Étant donné la situation, il est tentant de dire : "C'est donc nous qui faisons le monde", ou bien : "C'est notre culture qui façonne le monde" ; mais ce n'est qu'une autre forme de la même erreur. Y succomber, c'est une fois de plus concevoir le monde – le seul que nous connaissions – comme un produit.(...) Mais le monde n'est pas un produit. Le monde est monde, voilà tout.»

 

«Les conduites et les discours ne reçoivent pas leur sens de quelque chose qui se trouve "dans la tête" des agents ou des observateurs, mais de leur arrière-plan social et institutionnel.(...) La plupart du temps je n'ai pas besoin d'interpréter ce que l'on me dit car je le comprends» et «nous nous comprenons parce que nous avons appris à agir selon des formes communes.(...) "Comment pouvez-vous être jamais certain qu'un homme est réellement triste ?", demande le sceptique. "Qu'appelez-vous tristesse ?", lui répondons-nous.» Car, «L'intériorité est ce qui se montre : elle ne peut être conçue indépendamment des phénomènes d'expression variés et contrastés par lesquels elle se donne.(...) Lorsque j'ai affaire à un autre, "je ne suis pas d'avis qu'il ait une âme". Notre rapport aux autres êtres humains ne repose pas sur une hypothèse ou une supposition qu'il faudrait justifier ou défendre, une proposition théorique qui pourrait être mise en doute. Il repose sur une disposition naturelle à réagir à leurs expressions, une attitude à leur égard qui est prérationnelle en ce sens qu'elle est le terreau dans lequel les différents jeux de langage s'enracinent.» L'Explication ordinaire des actions humaines, Rémi Clot-Goudard

 

«Nous demandons parfois aux chefs[-cuisiniers] de pouvoir expliquer ce qu'ils font en se référant à une recette, aux locuteurs de nous dire ce qu'ils signifient et aux agents rationnels de nous donner les raisons pour lesquelles ils agissent.(...) L'erreur intellectualiste est de supposer que, même dans les cas où cela n'est pas requis, des processus cachés impliquant des recettes, des significations ou des raisons, se trouvent derrière et expliquent causalement les plats réussis, les énoncés signifiants et les actions raisonnables.(...) [Or,] lorsqu'on soutient qu'une personne comprend ce que demandent des règles, la possibilité qu'elle ne les comprenne pas doit exister ; et lorsqu'on soutient qu'une personne suit correctement des règles, doit exister la possibilité qu'elle ne les suive pas correctement.(...) Si Julie ne suit pas la recette correctement, alors elle aura probablement moins de chance de réussir son plat ; toutefois, elle peut ne pas la suivre correctement et néanmoins réussir son plat. (Cela démolit l'idée qu'elle doit avoir suivi des règles pour qu'on la crédite de sa performance ou pour qu'on considère celle-ci comme une réussite).» Une cartographie des concepts mentaux, Julia Tanney

 

 

 

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